mardi 13 octobre 2009

Paroles de Sages




«  Pour eux (les juifs d’Europe orientale), le Judaïsme n’était pas dans le fruit mais dans la sève qui coule au milieu de la chair de l’arbre ; née du silence de la terre, elle monte jusqu’aux feuilles pour faire éclater son éloquence dans le fruit. »

Abraham Heschel « Les bâtisseurs du temps ».



« Tout dans la nature se meut, non ? La terre autour du soleil, les atomes dans chaque matière…alors si tout se meut, il doit y avoir un point fixe, quelque chose qui est tranquille et qui met tout en mouvement. »

Propos de Clara Schumann sur Mr Chouchani de Salomon Malka.



« Même si nous nous efforçons à longueur de journées de dissimuler les lacunes de notre foi en répétant des formules du genre : « Baroukh Hachem ! », « Be-ezrat Hachem », « Im Yirtzé Hachem ! », il nous incombe de prendre conscience que, le plus souvent, nos pensées, nos projets et nos actes ne sont déterminées que par le point de vue prédominant qui tend à privilégier les processus naturels de la cause et de l’effet. C’est pourquoi notre foi est imparfaite. « Ils ne Me rendent hommage que de bouche et ne M’honorent que des lèvres, mais leur cœur est loin de moi. » (Isaïe 29,13)

Rav Eliahou E.Dessler. MI’HTAV ME –ELIAHOU. Nature et miracle p.253-254.



« Rabbi Moshe-Leib était-il le précurseur de tous ces hommes et femmes désarmés et sans défense qui, des générations, des éternités plus tard, ont continué à chanter et à danser même dans les ghettos, même au cœur du royaume de la nuit ? Même en marchant vers le précipice enflammé ? Leur chant était-il une réverbération du sien ? La joie est-elle possible, la foi est-elle possible, l’espérance est-elle permise quand la mort est souveraine ? La joie serait-elle la réponse nécessaire mais impossible ?
Y a t il une réponse ? Rabbi Moshe-Leib de Sassov, symbole de compassion et d’amour hassidiques, l’avait formulée à sa manière : « Vous voulez trouver le feu ? Cherchez-le dans la cendre. » »

Elie Wiesel. Contre la mélancolie. Célébration hassidique II p. 114.



« C’est à toi-même qu’il appartient de modifier ta condition. Combats le malheur, tu le vaincras. Invoque le bonheur, invoque le rêve – il est donné à l’homme de s’accomplir par la joie et dans la joie, par le rêve et dans le rêve. » Le Voyant de Lublin.

Ibidem p. 135.



«  - Si tu me dis où D. se trouve, je te donne un ducat d’or.
Et moi, répliqua Rabbi Naphtali de Ropshitz, je vous en donne deux si vous me dites où D. ne se trouve pas.


J’étudie, j’étudie jour et nuit, et je ne progresse guère, je ne connais toujours pas la Torah.
D. ne t’ordonne pas de connaître Sa Loi, mais de l’étudier dit Rabbi Naphtali. »





« Un juif ne cesse jamais de courir. Il s’éloigne du péché en courant, et cours vite pour accomplir une bonne action. »

Rabbi Mendel de Worke.




Talmud, le problème des témoins :

« Le Talmud dit qu’un proche parent ne peut servir de témoin à charge ni à décharge. C’est logique qu’il ne puisse servir de témoin à décharge ; c’est logique, car il est naturellement en faveur de l’accusé, ou de la partie intéressée. Mais pourquoi un proche parent ne peut-il pas être témoin à charge ?
La Torah dit, en parlant des obligations des témoins, « vé amdou shnéi anashim » « 2 hommes doivent témoigner ». Or, un proche parent qui est capable de servir l’accusation n’est pas humain. » Elie Wiesel.




Question d’un enfant juif pauvre, le soir de Pessah : « Pourquoi seulement les herbes amères sur la table de Pesssah, et non pas de l’or et de l’argent, comme il est écrit ? »

Réponse de père : « Car l’argent est parti et l’amertume reste… »





« Le juif est le passeur. C’est sur la barque de chaque juif répétant le geste d’Abraham que les hommes passent à l’autre rive de l’humanité. »

A.Néher, L’Existence juive. P134.



« Nous sommes le monstre d’humanité ; car nous avons déclaré combat à la nature. »

Albert Cohen, Solal, Gallimard 1979, p 35.




“La porte du sacré est ouverte pour chacun de nous, et pour chacun de nous seul; elle n’est défendue que par une sentinelle qui n’a d’autre pouvoir que la crainte que nous lui portons. »

Fondane, Kafka et la rationalité absolue, in Deucalion, n°2, 1947, p140.




Gilles Zenou « Regards sur la condition juive » PUF, 2003 :

Sur Kafka …

« …Pour Kafka, la Loi, même si elle humilie mon égoïsme et mes désirs, est ce qui s’oppose à la barbarie et permet à l’autre d’exister. La loi morale contrarie nos penchants mais est la source de l’estime que nous nous portons (elle est la loi de ma raison, de l’être rationnel que j’ai choisi d’être).
En se soumettant au devoir, l’homme a conscience de se faire raison pure, esprit, de s’arracher au monde des choses et d’obéir à un ordre moral dont il est lui-même le sujet. Il est libre, non pas quand il cède à ses pulsions, mais quand il se soumet au devoir (impératif moral portant en soi sa propre valeur » p.207


« Car pour Kafka (comme pour les pèlerins de l’absolu), le silence et la prière sont les conditions d’une parole authentique. Ainsi, l’homme qui désire retrouver le sens enfoui du Livre doit devenir l’écrivain de ses déserts et de ses abîmes afin d’ouvrir en lui l’espace vierge, illimité, d’une parole nouvelle qui serait l’invisible chemin qui mène à D. » p. 220



Sur Rosenzweig

« Pour Rosenzweig la mission du juif est de veiller dans un monde assoupi et de rappeler à chaque homme qu’il peut être l’artisan de la rédemption, qu’il doit s’arracher aux liens de la race, de la famille, du sang pour tendre vers une universalité fondée sur le respect des différences et non sur leur suppression.
Enfin, il doit tenter de transmuer les oui et les non en pourquoi, d’opposer la raison à la force, l’histoire au chaos… » p.357






Gilles Zenou « Regards sur la condition juive » PUF, 2003 :

« En acceptant l’exil infini (refus de la sédentarisation), le peuple juif échappe au mysticisme et à toutes les théologies qui enferment l’homme dans ses mythes et exaltent les forces aveugles. En serrant l’homme de son rapport avec la nature et adorant un Dieu transcendant et lointain, le peuple juif accule chaque individu à assumer sa liberté, à être son propre père et à se libérer de ses peurs et de ses fascinations… » G. Zenou p. 239




« Le Dieu d’Israël, qui « ne peut rien d’autre qu’aimer » se donne à l’homme afin que celui-ci affirme sa liberté et son altérité. Il se donne pour que l’homme s’arrache à son opacité égocentrique et devienne pour Dieu (de même que Dieu était pour l’homme). La seule réponse à l’amour de Dieu pour l’homme est l’amour du prochain.
Dieu aime l’homme pour que celui-ci l’aime à son tour à travers l’amour du prochain. Cet amour de Dieu est commandement. » G. Zenou p.354



« Etre juif ce n’est ni une religion, ni une rationalité, ni une race mais c’est la condition humaine poussée à son degrés le plus extrême ».

Arthur KOESTLER .AKADEM 2009



« Le folklore ce sont des coutumes d’une civilisation disparue, morte. C’est le contraire des traditions orales. Nous investissons dans ce que nous mangeons, nous investissons dans la signification. C’est par le goût que nous construisons le sens. »

E.DEUTSH. AKADEM 2009



« Dès que l’homme apprend à s’identifier à sa propre parole, à son désir et non au désir d’un autre, dès qu’il sait vivre par lui-même, dès qu’il décide de ne plus vivre par intermédiaire, il découvre le néant et le vide devant lui et en lui. Il se découvre comme une volonté pure : comprenons le verbe « se découvre » dans le sens de « percevoir » et dans le sens de « mise à nu ». Il veut :  mais il veut quoi ? Il devrait vouloir quoi ? (Rappelons qu’Albert Camus a traité ce problème dans « Caligula ».
L’être humain, surtout quand il en a le pouvoir passe tout son temps à se démontrer qu’il est libre. Quand il croit atteindre cette liberté, il se retrouve seul, nu, exposé devant elle : La liberté pour quoi faire ?
Un gouffre, une béance déchirent l’être et le creusent d’un vide insupportable lorsqu’il se retrouve face à face avec lui-même et qu’il décide de s’assumer. Il s’aperçoit qu’il n’est rien, n’étant qu’un désir d’infini. Son commerce avec le néant se fait alors angoisse. »

A.ABECASSIS . A Bible ouverte. Et D. créa Eve. La genèse ou le livre de l’homme. P 552




« Je crois que l’une des raisons essentielles pour laquelle un dialogue se transforme en monologue alors même que les interlocuteurs se parlent et répondent, est l’illusion par laquelle chacun d’eux croit qu’il possède le savoir et la vérité. Or, si je détiens la vérité que tu n’as pas, tu as seulement à m’écouter pour la recevoir. Je monologue.
Inversement, si tu as la vérité et que je ne la possède point, j’ai seulement à t’écouter et c’est toi qui monologue. Si nous possédons tous deux la vérité et si elle est la même, alors le silence sera grand et tout le reste faiblesse.
Si nos vérités ne sont pas les mêmes, chacun de nous essaiera de convaincre l‘autre de la sienne propre et la violence apparaîtra.
Posons donc comme principe du dialogue authentique qu’aucun de nous deux n’a la vérité et que notre dialogue nous  « ouvre » sur une recherche en commun. Ce que nous mettons ensemble dans notre dialogue, c’est notre problématique, notre question et non point notre réponse. »

A.ABECASSIS. Moi le gardien de mon frère. La genèse ou le livre de l’homme p .717



« La parole de l’homme n’est elle pas une rupture du silence de D. et le silence de nos paroles ne replace-t-il pas dans son insaisissable sainteté la parole de D. ?
La prière est un « déversement de l’âme », qui nous précipiterait pour un bref instant dans l’indicible, dans une parole de silence, mystérieuse origine pressentie de nos pénibles balbutiements. »

« C’est par la voie de la pensée intellectuelle que l’homme unit son âme à D.  »

« La Torah, et elle seule, conserve dans le monde de la nature la pureté inaltérée de sa divine origine. Est divin en elle ce qui se révèle à nous d’une façon manifeste, mais surtout ce qui se dissimule, et constitue pour le lecteur attentif comme un appel permanent à l’éveil de l’esprit. (…) Cela signifie essentiellement que malgré la distance infinie qui sépare D. et l’homme, il y a entre eux un terrain d’entente, qui est celui de la Parole. »

Benjamin GROSS. 1986. In introduction. L’âme de la vie. R.HAIM DE VOLOZINE.
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